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          S’il 
          avait regardé le sol avec plus d’attention, Alaet aurait distingué une ligne 
          irrégulière tracée en travers du chemin. Et quand ses pieds la 
          foulèrent, les caractères qui la constituaient s’écartèrent, pour 
          reprendre aussitôt leur agencement initial. 
            
          
          Mais Alaet était trop harassé pour remarquer quoi que ce soit. C’est à 
          peine s’il avait noté le rabougrissement graduel de la végétation et 
          la raréfaction des animaux. La forêt sombre dans laquelle il cheminait 
          depuis une semaine ne semblait pas avoir de fin. 
          Il se laissa tomber sur une souche, dont les racines s’enfonçaient 
          dans les cailloux moussus qui bordaient le chemin. Le pommeau en bois 
          de son couteau lui raclait le flanc, aussi le changea-t-il de 
          position. Puis il releva son pantalon, qui avait la même couleur que 
          les feuilles des arbres, et massa ses mollets.  |