Ce
n’est que lorsqu’il commença à déféquer des crapauds vivants qu’Alaet réalisa
qu’on lui avait jeté un sort.
Sa première réaction fut d’extirper la bestiole frétillante de ses
braies, en lâchant un abominable juron. Il chercha dans sa mémoire les
ennemis qu’il s’était faits, au cours de sa carrière, dans le monde de
la magie. Il dut vite abandonner. La liste était trop longue pour
définir un suspect valable.
Au coin de la place de la Pierre Folle, près du souk à l’entrée du
Cloaque, se tenait la taverne de l’Étrangleur. Alaet résolut de s’y
rendre sans tarder. C’était là qu’il avait le plus de chance de
récolter le renseignement qu’il cherchait. La lie de Karnab la
Magnifique fréquentait l’Étrangleur, qu’il s’agisse de
marchands d’esclaves, de membres de la Guilde des Larrons,
d’assassins, de mendiants ou de sorciers.
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Il traversa la place de la Pierre Folle encombrée, sans même jeter un
coup d’œil à la pièce qu’on jouait sur une scène de bois, immense,
tapissée d’amas de coton représentant les nuages dans le ciel.
Suspendu à un système de poulies et de câbles, un comédien en
pantalons bouffants déclamait son texte d’une voix forte. Il essayait
vainement de dominer le vacarme des parieurs, aux combats de
chiens-lézards qui avaient lieu à proximité. |